Dossier exclusif : le Parti libéral du Canada a-t-il été infiltré par le Parti communiste chinois? Les indices le suggèrent.
« J’ai […] un certain niveau d’admiration pour la Chine parce que sa dictature […] lui permet de transformer son économie en un rien de temps ». Ces propos provenaient de la bouche même de Justin Trudeau, alors confiné dans l’opposition officielle à titre de chef du Parti libéral du Canada (PLC). Nous étions le 8 novembre 2013.
Or, huit ans plus tard, le même Justin Trudeau, maintenant premier ministre, a légèrement modifié son discours, mais des membres et des proches de son parti prennent plaisir à entretenir des liens avec un gouvernement chinois qui a de plus en plus recours à l’intimidation et à l’espionnage pour favoriser ses intérêts. Une attitude qui préoccupe même les services de renseignement.
Une collecte de fonds, une banque et des escrocs
Mai 2016. Cinq mois après avoir été élu au gouvernement, le Parti libéral du Canada (PLC) a déjà besoin d’argent. Ça tombe bien, car un riche homme d’affaires sino-canadien et président de la Chambre de commerce chinoise du Canada, Benson Wong, organise une collecte de fonds pour le PLC dans son manoir de Toronto. Coût d’entrée : 1 500 $, la limite permise par la loi. Nombre d’invités : 32 personnes d’origine chinoise qui sont venues voir Justin Trudeau et, bien entendu, qui souhaitent échanger avec lui.
Zhang Bin, un autre homme d’affaires, est l’un de ces invités. Dans sa vie parallèle, Bin est conseiller politique auprès du gouvernement chinois à Pékin. « Coïncidence », quelques semaines seulement après la fameuse collecte de fonds, lui et un autre homme d’affaires chinois, Niu Gensheng, font savoir qu’ils vont verser un don d’un million de dollars à l’Université de Montréal et à la fondation de la famille Trudeau.
Un autre invité, Shenglin Xian, est le fondateur de la banque Wealth One Bank of Canada. Deux mois après la collecte du PLC, soit en juillet 2016, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) annonce sa décision d’autoriser la Wealth One Bank à opérer en territoire canadien à titre de banque à charte fédérale. Une autre coïncidence?
Xian avait pourtant une feuille de route parsemée de quelques sursauts du côté criminel. Il avait fait l’objet, en 2003, d’une plainte pour avoir dupé des investisseurs, de même qu’il avait été condamné en 2013 à une amende de 2 000 $ pour des malversations dans le domaine des assurances. Quant à son institution financière, certains de ses investisseurs seraient proches du régime communiste chinois, une réalité que Xian a peut-être voulu cacher au BSIF.
Un dernier invité de cette soirée de mai 2016 est digne de mention : Wei Wei, un homme proche de deux organisations pro-Pékin, la Hefei Friendship Association et l’Anhui Community Association. Mais Wei Wei cachait une autre réalité : il était à la tête d’un réseau de jeux illégaux. Lors d’une saisie à son domicile à l’été 2020, les policiers ont découvert 11 armes à feu et plus de 11,5 millions de dollars en espèces.
Des députés embarrassants
Au moins deux députés du Parti libéral auraient dû s’expliquer sur leurs connexions avec le régime chinois. Le premier est Geng Tan, entré au Parlement canadien sous la bannière libérale en 2015 en même temps que son parti prenait le pouvoir. C’est peu dire que Tan possède de nombreuses cordes à son arc.
Né et élevé dans la province du Hunan, en Chine, il a déménagé au Canada en 1998, mais ne s’est jamais complètement éloigné de son pays natal, où il a effectué de nombreux voyages parrainés par le régime et des groupes d’affaires qui lui sont affiliés. Sur place, il a rencontré des responsables du Front uni, une organisation qui vise à étendre l’influence du Parti communiste chinois à l’étranger.
Du temps qu’il était étudiant à l’Université de Toronto, Tan dirigeait l’Association des étudiants et chercheurs chinois (CSSA), dont les activités sont coordonnées à partir de l’ambassade chinoise à Ottawa. L’homme a aussi été membre de la Confédération des organisations sino-canadiennes de Toronto (CTCCO), un organisme accusé de défendre les intérêts de Pékin, comme ce fut le cas en 2010 alors qu’il avait orchestré un mouvement de protestations contre la visite du Dalaï-Lama, un ennemi du régime, au Canada.
Tan a par ailleurs cofondé un autre organisme, le Council of Newcomer Organizations (CONCO), lui aussi proche du Parti communiste chinois. Malgré cette proximité, le CONCO a reçu ces dernières années des subventions s’élevant à 99 760 $ de Patrimoine Canada. Une autre entité fédérale, Emploi et Développement social Canada, lui a accordé 38 000 $ en 2016.
Geng Tan avait fait la une des médias en 2017 pour avoir joué le rôle d’intermédiaire entre le gouvernement chinois et un donateur du Parti libéral, Edward Gong. La même année, Gong avait été accusé de blanchiment d’argent et de vente frauduleuse par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO). Selon cette dernière, notre homme avait commis une fraude de quelques centaines de millions de dollars impliquant des actions de sa société de produits naturels, O24 Naturals.
Le deuxième député libéral qui doit des explications aux Canadiens est Mary Ng, ministre du Commerce, des Exportations, de la PME et du Développement économique. Durant la campagne électorale de 2019, l’organisation appelée Torontonians Stand With Hong Kong (Les Torontois soutiennent Hong Kong ) se disait inquiète du fait que Michael Chan, un ex-député libéral de l’Ontario, avait été nommé coprésident de la campagne de Ng.
À une autre époque, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) avait averti le gouvernement libéral de l’Ontario que Chan était proche du consulat chinois à Toronto et qu’il était un agent d’influence pour le compte de Pékin. L’homme a d’ailleurs fait écho au régime chinois en se positionnant contre les manifestants à Hong Kong qui s’opposaient à la mainmise du Parti communiste sur la célèbre cité.
Dernier fait à retenir concernant Mary Ng : le 29 septembre 2019, la dame avait assisté à une célébration entourant le 70e anniversaire de la République populaire de Chine.
John McCallum, l’homme de Pékin
Voici un homme qui a occupé plusieurs postes dans deux gouvernements libéraux, dont celui d’ambassadeur du Canada en Chine, de mars 2017 à janvier 2019. Et c’est précisément pendant son mandat à l’ambassade que John McCallum est tombé en disgrâce.
Au coeur du récit : une entrevue accordée le 22 janvier 2019 à un média torontois de langue chinoise, durant laquelle il a déclaré que l’extradition aux États-Unis de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, était une mauvaise décision de la part du gouvernement canadien. Souvenons-nous que Wanzhou avait été arrêtée à Vancouver à la demande du gouvernement américain qui l’accusait d’avoir monté un réseau financier destiné à contourner les sanctions unilatérales imposées par les États-Unis à l’Iran.
Mais McCallum avait préféré prendre le parti de Pékin plutôt que celui de son gouvernement dans ce dossier. Pire : on a su plus tard qu’il avait conseillé de hauts responsables du ministère chinois des Affaires étrangères sur la façon d’influencer le résultat des élections d’octobre 2019. C’est à ce moment que le premier ministre Justin Trudeau lui a montré la porte.
On peut se demander si McCallum n’était pas plus proche de la communauté chinoise que de la sienne. Ministre ou ambassadeur, on le voyait à tous les événements pro-Pékin, entre autres à un forum sur les relations Canada-Chine organisé par un certain Tao Qu. Celui-ci, en 2005, était l’un de ceux qui avaient rallié les membres de la communauté chinoise pour accueillir le leader chinois de l’époque, Hu Jintao, à Toronto. La même année, Qu était l’un des 28 représentants de la diaspora chinoise invités à la Conférence consultative du peuple chinois à Pékin, un privilège accordé uniquement aux partisans les plus fiables du Parti communiste.
Alors qu’il était ministre de la Défense, en 2003, McCallum avait pris la parole lors d’une soirée destinée à une collecte de fonds pour Qu qui tentait de se faire élire au conseil municipal de Markham, en Ontario. Fait à noter : Qu a également oeuvré au sein de l’équipe électorale de Michael Chan, le fameux bras droit de Mary Ng.
Le média The Epoch Times a répertorié près de 50 événements liés au consulat de Toronto auxquels McCallum a assisté lorsqu’il était député et ministre au sein du PLC. L’ex-libéral a par ailleurs été l’un des hommes politiques qui ont voyagé le plus souvent en Chine sous le bras de Pékin. Coût de tous ces voyages effectués entre 2008 et 2015 : 73 000 $, payés de la poche du gouvernement chinois ou de groupes qui en sont proches.
Un sénateur qui ne cache pas ses allégeances
Si l’on s’en tient à Yuen Pau Woo, le Canada devrait appuyer la Chine dans son « parcours pour devenir une économie pleinement développée ». Mais qui est donc Yuen Pau Woo? D’origine malaisienne, Woo a été nommé sénateur par Justin Trudeau en 2017. Peu connu malgré son franc-parler, il a déjà déclaré que les « Canadiens n’aimaient pas les riches Asiatiques ».
Le 2 octobre 2021, Woo était le seul politicien fédéral à assister à un événement célébrant les 72 ans de régime communiste chinois. Pour l’occasion, le sénateur se tenait aux côtés du consul général adjoint de la République populaire de Chine. Un peu plus tard dans la journée, il était du 3e Festival de la culture et des arts chinois, durant lequel on a hissé le drapeau chinois et chanté l’hymne national de la Chine. Les deux organismes qui ont rendu cette journée possible, la Canadian Alliance of Chinese Associations et la Canada Sichuanese Friendship Association, sont associés au Front uni du Parti communiste chinois.
En juin 2021, Woo s’était opposé à la motion de la Chambre des communes qui qualifiait de génocide le traitement infligé par la Chine aux musulmans d’origine ouïghoure.
Une entente avec un éditeur chinois
On peut terminer par cette anecdote qui en dit long sur la candeur artistique avec laquelle se comporte Justin Trudeau sur la scène politique.
En septembre 2021, le Globe and Mail révélait que les mémoires du premier ministre avaient été rééditées en Chine quelques mois après l’arrivée au pouvoir des libéraux grâce à un accord conclu entre l’éditeur canadien du PM et une maison d’édition chinoise.
La firme d’édition en question, Yilin Press, appartient à Jiangsu Phoenix Publishing and Media, une entreprise d’État qui sert d’instrument de propagande pour le compte du Parti communiste chinois (PCC). Pour les experts interviewés par le Globe and Mail, la réédition des mémoires de Trudeau en Chine faisait partie d’un stratagème dont l’objectif global est, pour Pékin, de s’attirer les bonnes grâces des dirigeants étrangers.
Justement, la promotion qui accompagnait la sortie du livre en terre chinoise encensait Justin Trudeau, mentionnant au passage qu’il avait hérité « du charisme exceptionnel » et des « qualités de leadership de son père ».
Sources
CTV News, Global News, L’Actualité, Right for Canada, The Breaker, The Epoch Times #1, #2, The Globe and Mail #1, #2, #3, The National Post #1, #2, The Post Millennial, The Toronto Sun, True North Far East, Twitter, Wikipedia #1, #2, #3, #4, #5