Dans une démocratie saine, le Nouveau Parti démocratique ferait l’objet d’un examen minutieux. Mais pas au Canada.
Le chef du Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD), Jagmeet Singh, n’aime pas faire dans la nuance, semble-t-il. Ses dernières frasques : les manifestations contre les mesures sanitaires seraient, selon lui, un phénomène lié à l’extrême droite. Pire : au lendemain de l’attaque du 7 juin 2021 contre des musulmans à London, en Ontario, il a déclaré que le Canada était « un endroit où vous ne pouvez pas marcher dans les rues si vous portez un hijab, car vous serez tué ».
Un mensonge grossier qui ne lui a pas valu une seule ligne dans les médias. Des médias complaisants qui ne s’émeuvent guère des frasques du chef du NPD, lui qui a pourtant côtoyé des individus peu fréquentables, et à plus d’une reprise.
Proche du mouvement terroriste du Khalistan
Depuis 2012, Jagmeet Singh est sur le radar des agences de renseignement indiennes. On l’accuse d’avoir participé au financement de groupes séparatistes opérant depuis le Pakistan et d’être lié à de tels groupes basés dans différents pays d’Europe.
Les Indiens ne semblent pas s’être gourés, car au moins deux vidéos en ligne, qui ont fait surface il y a quelques années, confirment leur diagnostic. Ces vidéos montrent Singh en compagnie de membres du mouvement d’indépendance sikh, dont certains approuvent le recours à la violence dans la quête d’un État indépendant chez cette communauté. Bien que le chef du NPD ait lui-même tenu à condamner la violence, il a néanmoins fait l’éloge du redoutable chef terroriste Jarnail Singh Bhindranwale, tué lors d’une fusillade en Inde.
Singh avait suscité une autre controverse à ce sujet quand des médias avaient divulgué des informations sur ses liens avec le rappeur Chani Natt, qui fait lui aussi la promotion de la violence pour l’accès à un Khalistan indépendant.
Ces faits sont très préoccupants, mais un autre événement, beaucoup plus récent celui-là, aurait dû provoquer l’ire des Canadiens. J’en ai fait mention dans cet article. Revenons-y pour mieux comprendre de quoi il retourne.
Une obscure conférence aux relents intégristes
Une conférence nord-américaine appelée Reviving the Islamist Spirit (RIS), qui est passée totalement inaperçue chez les médias serviles, s’est déroulée en ligne les 26 et 27 décembre 2020 (1). Jagmeet Singh y était présent (2). Une présence que le chef du NPD aurait dû décliner, car plusieurs de ses collègues conférenciers sont des figures toxiques du mouvement islamiste.
Parlons d’abord de l’un des commanditaires de la conférence, Islamic Relief Canada (IRC), une organisation qui n’a pas bonne presse, et ce, même dans des pays musulmans, comme aux Émirats arabes unis, où elle a été bannie en raison de ses liens avec les Frères musulmans, suspectés d’activités terroristes. En novembre l’an dernier, le gouvernement allemand a coupé les vivres à la branche allemande d’Islamic Relief pour des raisons identiques à celles évoquées par les Émirats arabes unis.
Chez les invités de Reviving the Islamist Spirit qui méritent une attention particulière, on retrouve Maulana Tariq Jameel, Moustapha Ceric, Salma Yaqoob, Zaid Shakir, Abdul Nasir Jangda, Hussain Kamani et Yasmin Mogahed, tous des plénipotentiaires de l’islamisme qui ont côtoyé Jagmeet Singh.
Maulana Tariq Jameel, un prédicateur pakistanais, a fait parler de lui en avril 2020 lorsqu’il a attribué l’émergence de la pandémie et la propagation du COVID-19 à « l’impudeur des femmes ». À cet égard, il a déclaré : « Quand la fille d’un musulman pratique l’impudeur et que la jeunesse se livre à l’immoralité, alors le tourment d’Allah est pour une telle nation ».
Plus tard dans l’année, Jameel a exhorté le monde islamiste à rejoindre le mouvement de boycottage de produits français qui a suivi la déclaration du premier ministre français sur l’islam politique. Souvenons-nous qu’en octobre, Emmanuel Macron s’était engagé à lutter contre le « séparatisme islamiste » qui, selon lui, menaçait d’exercer son emprise sur certaines communautés musulmanes en France. Son gouvernement a par ailleurs présenté en décembre un projet de loi pour renforcer une loi de 1905 qui séparait officiellement les religions et l’État en France.
Un autre conférencier, Moustapha Ceric, est présenté comme un imam libéral dans les cercles occidentaux. Pourtant, selon un ancien analyste du renseignement américain, Ceric entretiendrait des liens avec des djihadistes depuis au moins la guerre de Bosnie des années 90. Formé à l’université islamiste Al-Azhar, en Égypte, l’imam a dirigé le bureau de Zagreb de la Third World Relief Agency, la même organisation qui a envoyé des fonds aux moudjahidines bosniaques et entretenu des liens étroits avec Oussama bin Laden.
Salma Yaqoob, elle, est une politicienne britannique qui a déjà qualifié les Juifs de « porcs » et de « colonisateurs européens ». Des propos qui avaient suscité de nombreuses critiques acerbes, mais qui n’avaient pas été jugés suffisamment diffamatoires pour que la dame perde son poste aux plus hautes fonctions de l’État.
Les quatre derniers conférenciers qui avaient été conviés à l’événement en ligne, soit Zaid Shakir, Abdul Nasir Jangda, Hussain Kamani et Yasmin Mogahed, sont membres de l’Islamic Society of North America (ISNA). Or, trois organismes affiliés à ISNA-Canada, soit ISNA Development Foundation, ISNA Islamic Services of Canada et la Canadian Islamic Trust Foundation (CITF), ont été déchus de leur statut d’organisme de bienfaisance par l’Agence de revenus du Canada en raison de leurs liens avec le terrorisme.
Aux États-Unis, l’ISNA a été désignée par le département de la Justice comme co-conspiratrice non inculpée lors d’un procès en 2007 contre la Holy Land Foundation for Relief and Development (HLF), soupçonnée d’être liée entre autres à Al-Qaida.
Des candidats belliqueux
Au moins quatre membres du NPD ont fait des déclarations compromettantes ces dernières années. D’abord, le député de Hamilton, Matthew Green, qui a célébré sur les réseaux sociaux le déboulonnement de la statue de Sir John A. Macdonald, le premier homme à avoir occupé le titre de premier ministre du Canada. Green a aussi appuyé les propos d’un extrémiste, le professeur de l’Université d’Ottawa Amir Attaran, qui passe ses journées à cracher son fiel sur les Québécois qu’il accuse de racisme.
Ensuite, Geneva Allen, candidate du NPD dans la circonscription québécoise de Compton–Stanstead qui, dans une série de tweets du 29 mai 2020, disait appuyer les émeutes de Minneapolis, aux États-Unis, déclenchées à la suite du meurtre de George Floyd. Dans l’un de ces tweets, Allen avait qualifié ces émeutes de « destruction créatrice où le bien peut renaître de ses cendres », prenant soin de mentionner qu’une « révolution » était nécessaire.
Notons que les seules émeutes de Minneapolis ont fait deux morts l’an dernier en plus d’avoir coûté plus de 550 millions de dollars de dégâts, une facture épongée par les contribuables et les commerçants de l’endroit.
Enfin, deux candidats du parti, Sidney Coles et Dan Osborne, ont dû remettre leur démission au cours de la campagne électorale de 2021 après avoir tenu des propos antisémites. Coles a promu une théorie de la conspiration sur les réseaux sociaux selon laquelle des millions de doses « disparues » aux États-Unis avaient été envoyées en Israël. Quant à Osborne, son départ est imputable à un tweet de 2019 dans lequel il remettait en question l’existence des camps de concentration nazis.
(1) La même conférence a également eu lieu en décembre 2021. Voir cet article.
(2) Le premier ministre Justin Trudeau et le conservateur Garnett Genhuis avaient aussi été invités à cette conférence.
Sources
CBC, CNN, Eric Pilon, ISNA #1, #2, #3, #4, Jihad Watch, Outlook, Rebel News, RIS, The Global Muslim Brotherhood Daily Watch, The JC, The Kashmir Monitor, The National Post, The Post Millennial, TNC, Twitter, Vigile #1, Wikipedia, Zee News