De nombreuses informations coulées dans les médias ne sont fondées sur aucune preuve solide, selon des responsables.
Une guerre sur le terrain en provoque irrémédiablement une autre : celle de l’information. En Ukraine, les Russes sont accusés de mener une campagne de désinformation à grande échelle : tout ce qui provient du Kremlin n’est que camouflage de faits et accusations bidon, dit-on de ce côté-ci de l’Atlantique. Pourtant, les Russes ne sont pas les seuls dans ce bateau : les États-Unis aussi se servent des médias pour propager de fausses informations.
Trois responsables américains l’ont avoué sur les ondes de NBC News cette semaine. L’une de ces fausses informations avait fait la une des journaux du monde entier il y a quelques semaines : la Russie, avait martelé Washington, allait possiblement employer des armes chimiques et bactériologiques contre les Ukrainiens. C’était un mensonge délibéré qui visait à mettre la pression sur le Kremlin pour le dissuader d’avoir recours à ce type d’armes.
Pour les responsables interviewés par NBC, cette stratégie est audacieuse, mais bienvenue. Pourtant, quand l’ennemi fait de même, on lui accole l’étiquette de propagande. L’idée, selon ces responsables, est d’anticiper les mouvements du Kremlin et de contrecarrer ses plans, de brouiller sa campagne militaire, de « saper » sa propagande et de l’empêcher de « définir la manière dont la guerre [doit être] perçue dans le monde ».
Un autre exemple de fausse information : des responsables américains avaient déclaré aux journalistes qu’ils disposaient de renseignements suggérant que le président russe Vladimir Poutine était induit en erreur par ses propres conseillers qui avaient peur de lui dire la vérité. Or, quand les médias l’ont interrogé sur la question, le président américain Joe Biden a préféré parler de « spéculation ». Un autre cas : l’information selon laquelle la Russie se serait tournée vers la Chine pour obtenir de l’aide militaire n’était basée sur aucune preuve. On a simplement voulu éviter qu’une telle démarche soit entreprise entre les deux puissances.
À Washington, on justifie la manœuvre comme si c’était un fait normal. « [P]endant toutes les années que j’ai passées en tant que diplomate de carrière, j’ai vu trop de cas dans lesquels nous avons perdu des guerres d’information avec les Russes », a déclaré le directeur de la CIA, William Burns, lors d’une audience au Congrès le mois dernier. Il fallait donc passer tout de suite à l’offensive en cette matière.
Certains disent toutefois ne pas être d’accord avec la stratégie qui risque à terme, selon eux, de porter atteinte à la crédibilité des États-Unis.
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