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L’ex-PM du Québec s’est dit d’accord avec la décision de bannir Huawei du 5G; il a pourtant conseillé la compagnie.

Dans un message sur Twitter jeudi, l’ex-premier ministre du Québec et candidat à la chefferie du Parti conservateur, Jean Charest, a applaudi la décision du gouvernement libéral de bannir la compagnie chinoise Huawei du réseau 5G au Canada. « Bien que je félicite le gouvernement du Canada d’avoir finalement pris la bonne décision d’interdire Huawei de nos réseaux 5G, cela lui a pris trop de temps » à agir. Trop de temps?

Charest est resté fidèle à ses habitudes : il aime mentir pour cacher son jeu ou pour maintenir sous silence des faits gênants. Parmi ces faits gênants : alors qu’il oeuvrait au sein de la firme McCarthy Tétreault, Charest agissait comme consultant pour nulle autre que Huawei. En compagnie de son collègue Wayne Wouters, l’ex-PM fournissait des conseils stratégiques à Huawei dans deux dossiers : celui de Meng Wanzhou, et, justement, celui du 5G.

Rappelons-nous que Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, avait été arrêtée à Vancouver à la demande du gouvernement américain qui l’accusait d’avoir monté un réseau financier destiné à reporter les sanctions unilatérales imposées par les États-Unis à l’Iran. Charest aurait ainsi conseillé la société chinoise dans le processus d’extradition.

Mais il l’a aussi conseillée dans sa demande d’autorisation de vente d’équipements pour la construction des réseaux 5G au Canada. En d’autres termes, il a fait du lobbying pour promouvoir la cause de Huawei. L’ex-PM du Québec, avant de se présenter à la chefferie du Parti conservateur, savait pourtant que ce dernier s’opposait à la présence de la société chinoise dans le réseau 5G.

Son travail pour celle-ci a dû être à la hauteur, car elle lui a versé 6 000 $ pour commanditer une soirée célébrant sa vie politique. La soirée s’était déroulée au printemps 2019 à l’hôtel Le Reine Elizabeth, à Montréal, où de gros noms étaient présents : Brian Mulroney, Joe Clark, Daniel Johnson et Bob Rae, pour ne nommer que ceux-là. Dans une mêlée de presse en mars, Charest se disait « très fier » du travail qu’il avait accompli pour Huawei.

Mafia inc.

Dans son livre PLQ inc. : Comment la police s’est butée au parti de Jean Charest, le Bureau d’enquête du Journal de Montréal a révélé que le Parti libéral du Québec (PLQ) payait l’hypothèque de Jean Charest qui, au surplus, menait un gros train de vie à l’époque, gracieuseté de quelques amis bien placés. Il aurait au départ obtenu des faveurs de riches hommes d’affaires pour se lancer en politique québécoise. Le livre parle de 5 millions versés « dans un compte bancaire à l’étranger ».

Sous Charest, le PLQ a carrément agi en organisation mafieuse, exigeant de certaines compagnies qu’elles versent des milliers de dollars au parti. Entre 2003 et 2009, le PLQ recevait autour de 8 millions en financement par année provenant de firmes de génie-conseil et de l’industrie de la construction.

Pourquoi donc le Parti conservateur s’est-il laissé prendre au jeu en acceptant la candidature de l’ex-PM du Québec?


Sources

Bureau d’enquête du Journal de Montréal, Efron Monsanto, Jean Charest, Le Journal de Montréal, The Globe and Mail

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