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Le Minnesota Freedom Fund verse des cautions à des criminels, dont certains ont commis des meurtres après leur libération.

Le 1er juin 2020, en plein coeur des émeutes violentes aux États-Unis qui ont suivi la mort de George Floyd, Kamala Harris transmettait un message de soutien sur Twitter à un fonds qui permet à des criminels d’être libérés sous caution. « Si vous le pouvez, contribuer maintenant au Minnesota Freedom Fund pour aider à payer la caution de ceux qui manifestent sur le terrain dans le Minnesota », avait-elle écrit.

Ce que Harris ignorait — ou feignait d’ignorer — à ce moment, c’est que l’histoire du Minnesota Freedom Fund (MFF) est parsemée de bavures qui ont jeté — et jette encore aujourd’hui — une ombre sinistre sur le système de justice américain.

Un tweet qui vaut de l’or

Avant le tweet de celle qui allait devenir vice-présidente des États-Unis, le MFF était une entité sans importance. En 2018, il avait récolté environ 100 000 $, à une époque où il ne comptait que sur un employé à plein temps. Le montant moyen des cautions qu’il versait aux accusés était de 342 $. Mais le soutien public de Harris a fait grimper cette somme à 13 195 $, en date du 3 septembre 2020, d’après les données fournies par le Washington Post.

Oui, le tweet de l’actuel VP a valu de l’or au MFF qui a récolté 35 millions après sa publication, au lieu des 100 000 qu’il recevait auparavant chaque année. Une explosion de billets verts qui lui a permis de remettre en liberté des criminels dont certains ont commis l’irréparable.

Une complaisance criminelle

Le 29 avril dernier, le Minnesota Freedom Fund versait une caution de 2 000 $ pour la libération de Shawn Tillman, 34 ans, accusé d’indécence pour s’être masturbé devant une femme dans les transports en commun de St. Paul, au Minnesota. À peine trois semaines plus tard, soit le 20 mai, Tillman, qui avait déjà été condamné pour agression, possession illégale d’une arme à feu et attentat à la pudeur en présence d’une mineure, tuait un homme dans le centre-ville de St. Paul.

En 2021, George Howard a été inculpé pour meurtre au deuxième degré lors d’un incident de rage au volant sur l’Interstate 94 à Minneapolis, au Minnesota. Quelques semaines plus tôt, Howard, qui faisait l’objet d’une interdiction de posséder une arme à feu en raison de condamnations antérieures, avait été libéré moyennant une caution de 1 500 $ versée par le MFF.

Il est frappant de constater que ce dernier n’est pas très regardant sur les criminels qu’il sauve des eaux. En 2020, il a déboursé 75 000 $ pour qu’un délinquant sexuel, qui risquait jusqu’à 30 ans de prison après avoir violé une fillette de 8 ans, puisse à nouveau circuler librement. Peu de temps auparavant, le fonds soutenu par Kamala Harris avait renfloué un homme passible de 20 ans de prison pour cambriolage et agression sur une femme de 71 ans.

Durant les manifestations violentes de mai-juin 2020, Jaleel Stallings a été accusé de tentative de meurtre après avoir tiré sur des policiers. Mais grâce au MFF, qui a déposé une caution sucrée de 75 000 $ en espèces, Stallings a pu sortir de prison.

Un autre, Lionel Timms, qui avait été accusé de voie de fait en juillet 2020, a pu respirer l’air libre grâce aux fonds fournis encore une fois par le MFF. Après sa sortie de prison, Timms a commis une agression au troisième degré, laissant la victime avec une « lésion cérébrale » et une « fracture du crâne ».

Le MFF s’était dit « profondément attristé et troublé » par cette affaire, mais avait excusé le geste en soulignant que le criminel récidiviste avait manqué de soutien après sa libération.


Sources

Kamala Harris, The Federalist, The New York Post, The Washington Post

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