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La vice-première ministre du Canada s’était vu confier un projet numérique au sein du réseau, qu’elle a tourné en fiasco.

On peut facilement déceler les défauts d’une personne en scrutant son passé. C’est le cas de Chrystia Freeland, l’ex-ministre des Finances et actuelle vice-première ministre du Canada. Avant sa carrière politique, Freeland était plongée dans le privé, en particulier dans le secteur médiatique.

En mars 2010, elle quitta son poste de rédactrice en chef pour le Financial Times afin de se joindre au réseau Reuters à titre d’envoyée spéciale à l’international, puis comme rédactrice en chef de la version numérique de Thomson Reuters. C’est sous son aile que le réseau mit sur pied Reuters Next, un projet ambitieux qui devait fournir des « nouvelles de haute qualité en temps réel ». En septembre 2013, soit deux ans après le début des travaux en vue de bâtir Reuters Next, la direction annonça sa mort.

Que s’était-il donc passé?

Demandez à Chrystia Freeland. Ou plutôt au média en ligne Buzzfeed, qui consacra un long article sur la débâcle. Pour Buzzfeed, ce qui manquait au projet, c’était ce qui, de prime abord, devrait constituer la fondation de toute entreprise digne de ce nom : une stratégie clairement définie permettant de générer de bons revenus.

Chronique d’une mort annoncée

Freeland s’était d’abord lancée dans une vaste campagne d’embauches en signant de juteux contrats à des gros noms du journalisme, dont certains venaient du New York Times. C’était l’époque où la dame avait décidé de renvoyer de nombreux employés pour faire de la place aux siens. Cette décision d’avoir recours à des ressources extérieures en avait rendu plus d’un furieux chez Reuters.

Les nouvelles embauches, les paiements versés aux fournisseurs et aux consultants et le report répété de l’ouverture de Reuters Next provoquèrent une hausse vertigineuse des coûts d’exploitation. De 15 à 20 millions de dollars auraient ainsi été engloutis dans le projet. En outre, les gros noms que Freeland avait entraînés dans son sillage ne connaissaient rien de la culture de Reuters.

Ajoutons à ces complications des problèmes techniques survenant de façon récurrente sur le site Web et tous les éléments étaient réunis pour un désastre annoncé. « Le dysfonctionnement technique, financier et éditorial inhérent à Reuters Next est rapidement devenu évident pour le personnel engagé par Freeland, qui a commencé à partir en masse », a raconté Buzzfeed.

Un nouveau PDG décida de mettre fin au cauchemar, deux ans après l’amorce du projet, qui n’a finalement jamais vu le jour. Quelques mois plus tard, Chrystia Freeland faisait son entrée en politique sous les couleurs du Parti libéral du Canada.


Sources

Buzzfeed via The Baron

 

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