Pour se rapprocher du cercle politique, rien de mieux que d’embaucher des firmes qui recrutent de ce côté.
On a fait mention l’autre jour de la cabale de lobbyistes qui assurent les arrières de la société pharmaceutique Pfizer. Celle-ci, comme d’autres Big Pharma de ce monde, ne serait qu’une toute petite exploitation de rien du tout si ce n’était de ses démarcheurs qui s’agglutinent autour de la classe politique pour lui soutirer des faveurs.
Selon l’organisme OpenSecrets, « un budget de 300 millions de dollars a été dépensé en 2020 par l’industrie pharmaceutique et pas moins de 1 500 lobbyistes travaillent pour elle uniquement à Washington ».
Mais ce dont on parle moins, c’est du nombre élevé de ces lobbyistes qui se sont d’abord fait les dents en politique. C’est ce que l’on appelle, dans le jargon du milieu, le phénomène des « portes tournantes ». Ces anciens du monde politique sont des prospects de choix pour les pharmaceutiques puisqu’ils connaissent bien les rouages de la « Machine », pour ainsi dire.
Et Pfizer, plus que les autres, bat des records en ce domaine. En octobre 2020 par exemple, elle s’est payé la firme de lobbying The GROUP DC qui compte dans ses rangs un certain Sudafi Henry, ex-directeur des affaires législatives de Joe Biden à l’époque où il était vice-président. The GROUP DC comprend aussi parmi ses employés un autre ancien de la politique, Kwabena Nsiah, qui a jadis travaillé pour Xavier Becerra, l’actuel secrétaire américain à la Santé et aux Services sociaux (HHS).
Chez les républicains, Justin McCarthy, qui a servi sous George W. Bush en tant qu’adjoint spécial du président pour les affaires législatives, est aujourd’hui conseiller principal chez Akin Gump Strauss Hauer & Feld LLP, une firme qui a signé des contrats avec 239 « clients » en 2021, lesquels contrats représentent une valeur de 26 310 000 $. Pfizer à elle seule a fait appel à ses services pour 100 000 $.
Un autre, Ben Howard, qui a servi au sein de l’administration Trump, a depuis fait le saut chez The Duberstein Group, une firme qui a récolté 400 000 $ avec Pfizer. Le même Duberstein Group compte également en son sein un ex-républicain de longue date du Sénat, David Schiappa.
Fait à noter : le budget total de Pfizer en 2020 pour ses activités de lobbying était de 13 150 000 $. Pour cette année, la société a déclaré disposer de 92 lobbyistes. Or, selon le média en ligne The National Pulse, 74 ex-employés de divers bureaux politiques chez les démocrates comme chez les républicains gravitent ou ont récemment gravité autour de Pfizer.
Sources
Open Secrets #1, #2, The Duberstein Group, The GROUP DC, The National Pulse