Patrick Provost avait écrit un article critique de la gestion gouvernementale de la pandémie. Il en a payé le prix.
Il est biochimiste de formation, professeur titulaire au département de Microbiologie-infectiologie et immunologie de la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval depuis 2001. Ces lettres de créance ne lui ont pourtant pas permis de sauver sa peau : Patrick Provost a été suspendu sans salaire de l’Université Laval pour une période de huit semaines après que le Journal de Québec (JdQ) eut retiré son article incendiaire contre la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault.
Que contenait donc cet article? L’expert a d’abord reproché au gouvernement de la CAQ et aux médias d’avoir cédé à l’hystérie durant la pandémie. « Il faudra éviter de partir en peur quand les nez se mettront à couler, comme à tous les automnes », a-t-il écrit pour appuyer sa position. Il a rappelé que le taux de décès dus au COVID avait été surestimé, de même qu’il a remis en question une série de mesures qu’il a qualifiées de sévères. Il a également souligné « l’importance de dépolitiser les décisions brimant les droits et les libertés individuels ».
Dans un courriel interne, Sébastien Ménard, éditeur et rédacteur en chef du Journal de Québec, a affirmé que « ce texte comportait des inexactitudes qui pouvaient induire le public en erreur », ce pour quoi il a été retiré du Web.
Pour ceux et celles qui souhaitent lire l’intégralité de l’article de Provost, voir Le véritable portrait de la Covid-19 au Québec.
Pas une première
Patrick Provost n’est pas le premier à subir le couperet de la censure au Québec en raison de ses propos sur la pandémie. C’est aussi arrivé à l’ex-chroniqueuse du Devoir, Francine Pelletier. Le 26 janvier dernier, Pelletier avait publié un éditorial cinglant, possiblement le plus critique à l’égard du gouvernement de la CAQ et des autorités sanitaires depuis le début de la pandémie. Cette chronique, intitulée La pandémie revue et corrigée, a toutefois provoqué sa perte.
La journaliste déplorait l’absence de débats entourant la pandémie et reprochait au gouvernement de trop mettre l’accent sur les vaccins en négligeant l’efficacité de certains médicaments dans le traitement contre le COVID. Cerise sur le gâteau : certaines mesures sanitaires, nous disait-elle, n’étaient pas justifiées. Bref, tout ce que Patrick Provost a signalé dans son article.
Deux jours après la publication de son édito, Francine Pelletier était congédié du Devoir.
Sources
Eric Pilon, Le Nouvelliste, Libre Média, Université de Laval